SPPPI Paca - Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles
SPPPI PACA -Rejets médicamenteux biocides - 21/06/2017

Développement durable & rejets hospitaliers : Comment réduire l'impact potentiel des effluents hospitaliers : le cas des rejets médicamenteux et biocides ?

21/06/2017

Les médicaments sont des molécules fabriqués pour être biologiquement très actives. Elles appartiennent à des familles de structures chimiques diverses. Antibiotiques, hormones, antidouleurs, antidépresseurs, bêtabloquants ou contraceptifs… sont autant de substances, appelées rejets médicamenteux, déversées dans les milieux aquatiques quotidiennement. S’il est difficile de leur donner un ordre d’importance, les origines de ces rejets sont clairement identifiées :

  • La consommation de médicaments par la population : une partie des médicaments non métabolisées est excrétée par notre corps. Le résidu va ensuite vers les stations d’épuration urbaines qui n’en dégradent qu’une partie.  
  • Les rejets hospitaliers : ces rejets sont directement dirigés vers les stations d’épuration (sauf s’ils ont un caractère radioactif). La spécificité de ce milieu entraîne une importante gamme de rejets (antibiotiques, anti-infectieux, anti-cancéreux…).
  • Les rejets d’usines de fabrication ou de conditionnement de médicaments.
  • La contamination par les médicaments à usage vétérinaires : ils peuvent contaminer l’eau directement (élevage de poissons), ou contaminer dans un premier temps les sols.  
  • Les mauvaises habitudes des consommateurs, comme celles de jeter les médicaments périmés dans les toilettes ou dans les éviers.

La France est le 4ème consommateur mondial de médicaments après les États-Unis, le Japon et l’Allemagne : plus de 3000 médicaments à usage humain et 300 médicaments vétérinaires sont actuellement disponibles.

Ce séminaire s'inscrit dans le cycle "Développement durable et rejets hospitaliers" lancé par l'ARS PACA. Ce projet porté par le SPPPI, soutenu par l'ARS PACA a été labellisé par le Plan Régional Santé Environnement.

Les étudiants du Master IS-PRNT ont participé à ce projet dans le cadre de leur projet tuteuré.

Programme

Les enjeux

  •  Éléments de contexte - Dr Carenco, Médecin hygiéniste, Centre Hospitalier d’Hyères, société française d’hygiène hospitalière, membre du Coderst
  • « Faut-il séparer les effluents hospitaliers des effluents domestiques : les enseignements du site pilote de Bellecombe - SIPIBEL" GRAIE - Élodie Brelot, Directrice du GRAIE

 Les leviers d’actions

  • Achats et pratiques responsables pour l’entretien des locaux : contexte de l'étude - Dr Carenco, Médecin hygiéniste, Centre Hospitalier d’Hyères, société française d’hygiène hospitalière, membre du Coderst & résultats - Alaa Ramdani, pharmacien, chargée de mission Qualité et sécurité des activités pharmaceutiques et biologiques, ARS PACA
  • MédiATeS : les leviers d’actions et comment accompagner le changement - Élodie Brelot, Directrice du GRAIE
  • Rejets médicamenteux et médecine de ville - Jean Lefevre, Médecin ASEF,
  • Conclusion - Muriel Andrieu Semmel, responsable du département Santé/Environnement ARS PACA

Pour en savoir plus

Précisions Mme Brelot (Directice du Graie) :

Conventionnement

Le Graie a mis en place en 2010, un réseau technique d'échange autour de la gestion des rejets non-domestiques au réseau d'assainissement. Ils ont produits de nombreux documents : outils et références pour la gestion des effluents non domestiques, dont notamment : La gestion des effluents d'un établissement de santé : principe de la démarche et préconisations sur le suivi des rejets, novembre 2016, 19p

De plus, les membres du groupe de travail partagent en ligne leurs documents de référence (plus de 180 documents) ; nous mettons ainsi à disposition un réel portail pour les collectivités sur tout ce qu'il faut faire et tout ce qui se fait en matière de gestion des effluents non-domestiques

Retrouvez tous les éléments sur le site du Graie / thématique effluents non domestiques.

Prétraitement des établissements de soin 

Je souhaitais être précise sur les conclusions concernant le traitement spécifique des établissements de soin.

Extraits :

  • Le suivi mené sur SIPIBEL ne montre pas de perturbation des taux de traitement de la station d’épuration -en termes de paramètres classiques, médicaments, détergents et indicateurs biologiques suivis- lorsque l’effluent hospitalier est mélangé à l’effluent urbain, comme expérimenté sur le site à partir d’octobre 2014.
  • Les résultats des analyses effectuées sur les boues issues de la filière mixte (mélange d’effluents hospitalier et urbain) sont conformes à la réglementation en vigueur sur l’ensemble des paramètres physico-chimiques et microbiologiques. La vigilance est cependant de mise concernant les paramètres non réglementaires pouvant avoir une incidence environnementale (résidus de médicaments, détergents, gènes de résistance, etc.), dont l’étude est poursuivie dans l’observatoire.
  • L’évaluation des ratios coût/bénéfice menée dans le cadre des programmes européens PILLS et NO PILLS n’est globalement pas en faveur d’un traitement spécifique de l’effluent hospitalier ; les études technico-économiques ont montré que cette option n’était rentable ni d’un point de vue économique, ni d’un point de vue environnemental, notamment en considérant l’intégralité des rejets à l’échelle d’un territoire. Il est démontré qu’à l’échelle d’une agglomération possédant un centre hospitalier, la charge de résidus de médicaments liée à l’hôpital ne représente qu’environ 20 % de la charge globale de l’ensemble de l’agglomération. De plus, les soins ambulatoires et l’hospitalisation à domicile tendent à se développer sous l’impulsion du Ministère en charge de la Santé, y compris pour des traitements médicamenteux lourds, augmentant ainsi la charge provenant des rejets diffus.

Les résultats de SIPIBEL, PILLS et NO PILLS ont ainsi démontré que l’implantation d’une station d’épuration sur site hospitalier n’est pas la solution appropriée.

Vous pouvez consulter le détail des résultats dans le rapport de résultats ou dans la synthèse. A noter que la notion de prétraitement doit être vu en fonction des différentes activités (laboratoire d'analyse, service de médecine nucléaire, cuisines, blanchisserie), mais a priori pas pour les rejets de médicaments et détergent biocides (voir le guide).

Perturbateurs endocriniens et pilule

"La féminisation des poissons à cause des campeuses autour du lac !" : La pilule, principal perturbateur endocrinien ; c'est effectivement ce que l'on disait il y a 20 ans, et ce que reprenait le Vatican à l'occasion d'une campagne contre la pilule contraceptive. "Le Vatican dénonce les "effets dévastateurs" de la pilule sur l'environnement : Cette pollution environnementale causée par la pilule serait due aux "tonnes d'hormones" relâchées "dans la nature" à travers les urines des femmes qui la prennent." Titrait le Monde en janvier 2009 ! Aujourd'hui, grâce aux travaux scientifiques on sait que le spectre est large : éthynilestradiol bien-sûr, mais aussi bisphénol A, Phtalates, glyphosate, … https://www.anses.fr/fr/content/les-perturbateurs-endocriniens : "D’où viennent les perturbateurs endocriniens ? Les perturbateurs endocriniens peuvent être d’origine naturelle (hormones et phytoestrogènes) ou résulter d’activités humaines (contenus dans des objets de consommation courante, dans des produits de traitement des cultures, dans des médicaments ou produits cosmétiques, etc.). Ils peuvent ainsi être présents dans l’environnement du fait d’une contamination de différents milieux (eaux, aliments, air, poussières, produits ou articles de consommation…)."

Donc oui, le problème est complexe, mais surtout, il ne justifie pas qu'on focalise sur la question de l'utilisation de la pilule contraceptive !

Vidéos

Toutes les vidéos proposées par le Graie peuvent être visionnées sur YouTube. MAIS, elles sont aussi téléchargeables directement sur les sites internet correspondants, avec d'autres ressources (illustrations, textes de synthèse)

"Méli Mélo – démêlons les fils de l'eau" – 16 questions traitées avec humour pour faire tomber les a priori et les mauvaises idées sur l'eau : www.eaumelimelo.org - Graie Méli Mélo - YouTube

"Les médicaments dans l'eau – les bonnes questions à se poser" – 6 point d'entrée pour mieux comprendre et anticiper les changements de pratiques – vidéos dessinées et autres ressources : www.medicamentsdansleau.orgGraie – L'eau dans la ville – YouTube

COMPTE-RENDU & PRESENTATIONS :
  • personnes étaient présentes (Associations : 15, Industriels : 17, Collectivités : 8, État : 8, Salariés : 1, Scientifiques : 18)
  • % de personnes satisfaites. Les questionnaires « satisfaction » (51 répondants) montrent une appréciation générale très satisfaisante (60,8%) et satisfaisante (39,2%)

Ce qui a le plus satisfait :

Bravo, une journée enrichissante. À refaire !

Très bonne organisation !

C'est bien, convivial et instructif.

Un grand merci aux intervenants, les sujets sont très très intéressants.

De très bons organismes et acteurs présents, échanges intéressants.

Échange de questions un peu long. Très bonnes interventions.

Merci pour ces interventions très intéressantes.

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